L’histoire sans fin, 2019 création in-situ, dimensions variables, pages en format A4 issues de livres, magazines et revues de toutes sortes
L’histoire sans fin est la dérive d’une pratique du collage. Rassembler, classer, stocker des centaines d’images et de morceaux d’images pour se laisser le champ des combinaisons aussi large que possible. Un moment où la quête des images prend le pas sur la quête d’une vision transformable en collage. L’ennui de l’archiviste qui ne sait que faire de son classement. Une documentation extensible à l’infini. La nécessité d’étaler ses images au sol, puis sur les murs. Une chambre aux murs recouverts d’A4, comme un QG de lobby médiatique. Comme un centre névralgique de l’information visuelle dont nous sommes gavé.e.s. Qui devient littéralement une tranche d’histoire, une lamelle d’une seconde à observer. L’illusion de détenir ces instants d’histoire, mais s’en rappeler au moins. Recomposer la réalité avec le rêve d’en épouser toutes les formes. Des célébrations, des dénonciations, des confrontations, des propositions sur les possibilités et les réalités multiples du monde. Ridiculement rivaliser avec la Création. Simplement tenter de la visualiser dans son entièreté. Une histoire commune, sur papier glacée, une histoire partagée. Des centaines d’instants, situations construites ou surprises, vous laissant recomposer votre propre collage en votre cérébrale intimité. Liberté aux spectateur.trices de se raconter une histoire, de se réapproprier notre monde, quelle que soit ses points de vue. Vos fantasmes, vos idées, votre culture, vos réflexes socio-culturels, vos compulsions, vos peurs. Quitte à ce qu’ielles deviennent eux-mêmes et elles-mêmes les sujets de L’histoire sans fin, regardant les idées se libérer par associations d’images ou au contraire se rabattre sur leurs convictions. Nos capacités à ressentir de l’empathie, à traverser des rêves, à projeter un imaginaire, à s’observer devenir autre encore qu’hier, à aimer l’autre devenir encore autre qu’hier, tout cela se construit-il aujourd’hui aussi grâce à ces images médiatiques ? Tout cela pourrait-il constituer un environnement de valeurs fabriquées par les médias, par nos réponses cognitives à leurs propositions ? Comment votre système d’appréhension du monde se permet-il d’accéder à cette façade d’images ?
L’histoire sans fin est à la fois un moteur de rêves et de croisements surréalistes, et une interrogation sur nos systèmes individuels de jugements, de valeurs, de connaissances.